Paleo - vendredi 25 juillet

A peine remis de Manu Chao que nous voilà de retour sur la plaine de l'Asse, pour une soirée tout aussi prometteuse. On profite des derniers rayons de soleil dans l'herbe (ou ce qu'il en reste) à proximité de la Grande Scène. Grand Corps Malade nous y raconte ses déboires et sa poésie... Déception. On s'y attendait, c'est confirmé : le mettre sur la grande scène, et de jour en plus, c'était une énorme boulette. On entend à peine ses textes - autrement dit on n'en profite pas du tout.

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Enfin, on se rapproche ensuite pour la suite des festivités. Là, pas de déception. IAM pète la baraque. Le public de transforme en une foule de "Yo", agitant bras et tête en cadence. Ils reprennent de vieux morceaux comme ceux du dernier album, pour la plus grande joie d'un public très hétéroclite. C'est pas encore 7-77 ans, mais ça y ressemble. Mais le plus drôle est de les voir, eux, la quarantaine, parler verlan, danser le break et sauter sur scène. Une forme !

Après nous avoir rallié à l'OM "Ce soir, on vous met... Ce soir, on vous met le feu !" les lascars quittent la scène, laissant derrière eux un public chaud bouillant, et un goût soudain pour le rap... C'est dire s'ils étaient convaincants !

IAM : musique 17 / 20      show 16 / 20     public 18 / 20 - - - - - moyenne 17 / 20

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Dans la foulée, on fait un saut au Chapiteau, où a commencé Keny Arkana. L'ambiance continue ! Dans un décor très évocatif (faux murs portant des tags incendiaires, appels à la rébellion, à l'annulation de la dette du tiers-monde...), la jeune française livre toute sa Rage. Désobéissance Civile, Eh Connard, Nettoyage au Karcher... Une anarchiste de base !
Malheureusement, on ne peut pas rester. Massive Attack nous attend sur la Grande Scène, et ça, ça nécessite d'être bien placé !

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Minuit. Le clou de la soirée. Finies les festivités des rappeurs. Le public de Paleo a rendez-vous avec le trip-hop. Massive Attack commence doucement. Un immense écran tout en longueur tapisse le fond de la scène. Y défilent des lignes, des bulles...dans une ambiance douce et bleutée. Les deux leaders du groupe sont là, quelques musiciens aussi.

Très rapidement, une jolie blonde joint la scène. Elle pose quelques accords sur sa guitare, et le public retient son souffle. C'est Teardrop. Un morceau magique, qui transpose dans un autre univers. Puis la jeune fille repart, comme elle est venue, et le show continue. Deux autres voix font des allers-venues sur scène au gré des chansons - un grand Noir ténor et une Africaine à la voix particulière, plus chaude que celle de la blondinette. Et peu à peu, le concert change de rythme.

Tout ce passe autour de l'écran. Il commence par afficher un globe terreste en rotation, sur lequel se dessinent des itinéraires, tandis que des horaires d'aéroport s'affichent à côté. A en juger des dates, d'abord passées puis futures, on en déduit qu'il s'agit des différentes tournées du groupe. Puis, de grandes lettres vertes défilent. Durée de détention maximale sans preuve contre le prévenu : Canada 1 jour, [...] France 6 jours, [...] USA illimitée... Charmant. En rouge s'affichent ensuite des chiffres, des statistiques concernant toutes les horreurs du monde. Massacres, violations des droits humains... Et enfin, en blanc, comme pour tempérer tout ça, défilent nos lois, souvent non respectées, censées garantir le bonheur et la liberté des hommes.

Enfin se déroulent diverses citations. On a droit à tout, de Staline à Jean Cocteau en passant par les penseurs asiatiques. Les problèmes viennent des hommes. Pas d'hommes, pas de problème. Quand un homme meurt, c'est une tragédie. Quand un million d'hommes meurent, c'est de la statistique. Merci le communisme...

Les deux derniers morceaux sont proprement énormes. Safe from harm, duo entre la chanteuse africaine et 3D (Robert Del Naja), avec le fameux refrain I was looking back to see if you were looking back at me to see me looking back at you. Ouf ! Et de conclure sur Karmacoma, avec son acolyte Daddy G (Grant Marshall).

Obligée d'admettre que 3D force le respect. Il a traversé différentes crises, se retrouvant parfois seul lorsque le groupe se disloquait. Mais il a toujours persévéré, réuni de nouveaux musiciens et continué l'aventure. Il est extrêmement engagé, ce qui s'est vu via les messages qu'il a fait passer. D'oser affirmer ainsi ses idées et critiquer ouvertement les gouvernements...tous les artistes n'y sont pas prêts. Enfin, pour terminer ce portrait élogieux, il pratique une danse assez psychédélique...et ça, j'adore !

Au sortir de là, on est comme dans un rêve, planant quelque part, assez haut... En tous cas personnellement. Le reste du public semblait partagé. Et la critique a descendu le concert les jours suivant. Mais un journal a assez bien résumé le problème : "Massive Attack, on aime ou on n'aime pas". Ce n'est pas une musique accessible aux non-initiés. C'est spécial, c'est décalé, et ça demande d'être ouvert...

Massive Attack : musique 20 / 20     show 19 / 20      public 18 / 20 - - - - - - moyenne 19 / 20